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RETARD MENTAL ET SCOLARISATION
témoignages

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LA COLLABORATION INSTITUTRICE / ÉDUCATRICE

Cohérence et partage


La Classe d'Intégration Scolaire
de l'école Léo-Lagrange, à Saintes (17)

Un exemple de travail partenarial avec un SESSAD
auprès d'enfants souffrant d'un retard mental et de troubles associés

   
EVALUATION INITIALE
Pendant les premi�res semaines apr�s la rentr�e, nous avons beaucoup observ� les enfants. Cette phase d'observation a �t� longue et prudente. Nous n'avons pas produit de document officiel qui aurait �t� un " �tat des lieux " pour chaque enfant. L'�ducatrice �tait particuli�rement attentive aux gestes et aux paroles, l'institutrice �tait, elle, plus sensible aux performances scolaires.
ÉCOLE Léo Lagrange
19, rue du Pigeonnier
17100 SAINTES
mél : ecole.llagrangep@wanadoo.fr
SESSAD
rattaché à l'IME Les Santons
16, rue Pierre Loti
17100 SAINTES
Nous avons pris des notes qui nous servaient de m�moire, et pendant les synth�ses nous avons confront� nos approches, nos remarques. Les synth�ses offrent la possibilit� de ne pas s'enfermer dans une lecture unique de l'attitude des enfants,
elle permettent de comprendre ces attitudes o� du moins de leur donner un certain sens, enfin elles limitent les possibilit�s d'ignorer une �volution positive de l'enfant qui peut �tre remarqu�e par l'un o� l'autre des intervenants dans cette CLIS.
Certains de ces comportements ont pu �tre rep�r�s tr�s vite et nous nous sommes interdit de les inscrire dans la dur�e. Tout le monde conna�t le lourd poids du regard des adultes sur la vie des enfants, nous avons pr�f�r� all�ger le poids de ce regard et parier sur l'�volution positive. Ces �volutions positives ont eu lieu. Pour certains enfants, r�v�lent-elles quelque chose qui �tait d�j� pr�sent chez eux et qui s'est �panoui parce qu'ils se sont sentis en confiance o� s'agit-il d'acquisitions faites en cours d'ann�e scolaire ?
   


INSTITUTRICE
, ÉDUCATRICE : COHÉRENCE ET PARTAGE

un travail à deux voix

 
  Au cours d'une réunion générale, regroupant l'ensemble des intervenants du SESSAD, les enseignants de l'école et les parents, l'institutrice et l'éducatrice ont présenté leur travail et leur collaboration sous forme d'un dialogue. Le texte a été lu à deux voix : en rouge, la voix de l'institutrice, en bleu celle de l'éducatrice. Les parties noires sont communes.
   
PROJET DE LA CLIS / SESSAD
Notre projet, apr�s quelques semaines de travail, �tait que chaque enfant se sente bien dans un groupe auquel il a le sentiment d'appartenir, afin de poser les bases n�cessaires aux apprentissages scolaires, qui sont l'objectif de la CLIS SESSAD.
Les enfants de la CLIS SESSAD ont un retard mental l�ger avec parfois des troubles associ�s, qui se manifestent surtout par une grande angoisse et ou des difficult�s � vivre en groupe. Il faut donc : rassurer, et constituer un groupe.
Pour cela, plusieurs actions :
  � Ritualiser l'emploi du temps en �vitant une trop grande rigidit�.
� Proposer des t�ches adapt�es aux enfants, se m�fier du " scolaire ".
� Proposer des moments de jeux libres (espace de libert�, soupape de s�curit�).
� Accepter les limites des enfants (comportement, attention�)
� Insister sur les r�ussites.
� Privil�gier l'�coute individuelle, ce qui est possible avec deux adultes pour 10 enfants.
� Construire des moments collectifs avec des �changes pour que chacun se sente partie prenante du groupe.
� Construire un v�cu commun, des r�f�rences communes. Ce seront des projets collectifs dont nous garderons les traces de la r�alisation.
 
POURQUOI UNE EDUCATRICE DANS UNE CLIS SESSAD ?
Les enfants admis en CLIS/SESSAD sont souvent des enfants qui ont du mal � �tre des �l�ves. La pr�sence de l'�ducatrice offre un espace de respiration. L'enfant de CLIS/SESSAD aurait du mal � n'avoir affaire qu'� un adulte dont l'objectif est d'enseigner � des enfants qui apprennent. Avec l'�ducatrice, on existe autrement que comme �l�ve.
Elle aide l'enfant � s'int�grer dans l'�cole. L'�ducatrice rappelle aux enfants le sens de leur pr�sence dans l'�cole.
Elle est m�diatrice entre l'institutrice et l'enfant. Elle est m�diatrice entre l'�cole et la famille.
Avec l'éducatrice, l'enfant existe autrement que comme élève
Certaines activit�s sont men�es en commun : l'accueil, le d�part, le jardinage, la cuisine, la piscine, le go�ter, le sport, la biblioth�que municipale. Ces activit�s ont �t� choisies pour leur aspect attrayant, la possibilit� de laisser des traces, l'exploitation possible diff�rente par l'�ducatrice et l'institutrice.
Ces moments v�cus tous ensemble (institutrice, �ducatrice, enfants), aident � l'�mergence du sentiment d'appartenance � un groupe.
L'accueil et le d�part sont des moments ritualis�s. Pendant ces moments, l'institutrice s'occupe plut�t de la gestion collective des temps de parole. Elle peut r�duire le temps de parole d'un enfant pour permettre l'expression des autres. Elle veille � ce que la parole de chacun puisse �tre �cout�e.
L'�ducatrice, elle, s'occupe plut�t de la gestion des paroles individuelles. C'est elle qui rappelle la possibilit� de revenir sur le sujet qui pr�occupe tant l'enfant, au r�fectoire ou � la r�cr�ation. Il s'agit alors d'apprendre � diff�rer les pulsions et de se rep�rer dans le temps en connaissant les diff�rents moments de la journ�e et ce qui y est possible.
La mat�rialisation des groupes de travail par des �tiquettes magn�tiques avec les pr�noms des enfants est une id�e de l'�ducatrice. C'est l'institutrice qui pense � la lisibilit� de la repr�sentation du temps, c'est l'�ducatrice qui pense � v�rifier que chacun retrouve sa place dans cet emploi du temps, d�but de l'autonomie.
Certaines t�ches peuvent �tre accomplies par les �l�ves, qui d�couvrent l� la responsabilisation.
Nous �coutons une chanson � l'accueil et au d�part : l'important pour l'institutrice, c'est la m�morisation d'une m�lodie, des paroles et la correspondance oral-�crit, la capacit� d'�coute des �l�ves. Pour l'�ducatrice, c'est le plaisir de l'�coute, le souci d'inclure chacun de ces enfants dans le groupe.
Pendant le go�ter, nous d�gustons le fruit d'un travail commun. Les probl�mes d'hygi�ne sont pris en compte par l'une ou l'autre
A la piscine, nos objectifs sont communs, les moyens de
l'�ducatrice sont diff�rents puisqu'elle peut aller dans l'eau,
jouer avec les enfants, faire du portage.
Des objectifs communs, des moyens différents...
Pendant les visites � la biblioth�que municipale, nous accompagnons les enfants de la m�me fa�on, mais le choix des livres � emporter est un peu diff�rent : l'institutrice retient plut�t des albums dans lesquels le texte et les illustrations ont des chances de contribuer � rapprocher les �l�ves de l'�crit (structure du r�cit simple, th�me attrayant�), l'�ducatrice choisira surtout des ouvrages en relation avec le travail manuel, la cuisine, le jardin, ce qui n'exclut pas le choix d'histoires � �couter.
Parfois, nous partageons le groupe. Les enfants vont en " atelier " avec l'�ducatrice ou en classe avec l'institutrice. Ce partage contribue � all�ger la pression du groupe qui peut devenir forte, et �vite que ce groupe devienne trop pr�gnant.
Parfois, nous partageons le groupe
Certaines activit�s sont men�es par l'institutrice et par l'�ducatrice chacune de leur c�t�. Prenons l'exemple du graphisme.
En atelier, la situation mise en place permettra � l'enfant de se servir de l'outil (crayon, stylo, pinceau�) avec plaisir pour pouvoir se l'approprier, souvent dans un cadre souple.
En classe, le cadre sera plus rigide, les exigences plus fortes et plus nombreuses, et les r�f�rences au scolaire seront souvent pr�sentes, tant dans le contenu de ce que l'on �crit (la date) que le support (le cahier).
Pendant les moments o� nous sommes s�par�es, nous avons des exigences et des strat�gies communes : ancrer les situations dans le pass� r�cent pour donner du sens � ce qui est propos�,
Des exigences et des stratégies communes
apprendre � v�rifier son travail, comparer sa production avec ce qui est demand�, rappeler les angoisses de d�part (je n'y arriverai jamais) avec le r�sultat obtenu, mener l'activit� � son terme, recentrer sur le travail, insister sur les r�ussites.
Anne Nédélec, institutrice spécialisée, et Dominique André, éducatrice spécialisée,
mai 2001
 
Mise à jour : 20/06/01

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