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DYSPRAXIE ET SCOLARISATION
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L'enfant dyspraxique

 

Caroline Huron

L'Enfant dyspraxique

E. Odile Jacob - septembre 2011 - 198 pages - 21,90 Euros

 
 
  Compte-rendu
"L'enfant dyspraxique" sera un livre utile aux parents et aux professionnels. Il aidera les premiers à comprendre ce qui leur arrive, il donnera aux seconds une vue synthétique sur un handicap encore très méconnu. Caroline Huron ne cache pas qu'elle a écrit son livre à partir de sa double expérience de psychiatre et chercheuse en sciences cognitives d'une part et de mère d'une enfant dyspraxique d'autre part. Ajoutons que depuis plusieurs années elle est à l'écoute des parents sur la liste de diffusion "dyspraxie" où elle répond à leurs questions et à leurs inquiétudes avec une extrême bienveillance et une solide compétence.
Le livre est facile à lire, écrit dans un style simple, avec des sous-titres parlants, et émaillé d'exemples vécus. Il est centré sur la connaissance de la dyspraxie et sur les aides à apporter à l'enfant dyspraxique.
La dyspraxie est un trouble de la coordination motrice d'origine développementale. Mais le diagnostic est d'autant plus difficile à établir que la description des troubles n'est pas simple. Les troubles peuvent en effet être multiples et divers d'un enfant à un autre, ils peuvent porter sur la coordination motrice, les compétences sensori-motrices, l'équilibre et le contrôle postural, la force musculaire, les difficultés bucco-linguales, les difficultés d'écriture manuscrite, les anomalies de la perception visuo-spatiale, etc.. C'est dire aussi qu'ils peuvent retentir sur la totalité de la vie quotidienne. Le diagnostic reposera sur un ensemble de bilans, psychologique, psycho-moteur, ergothérapique, orthoptiste… L'intervention des professionnels peut s'avérer utile, à condition d'en bien cibler l'impact : il ne s'agit pas de vouloir à tout prix rééduquer des troubles qui ne sont pas ou si peu rééducables, et qui ne sont pas à la veille de disparaître, mais de "mettre en place des moyens de compensation qui permettront à l'enfant de contourner son déficit. Par exemple l'apprentissage de l'ordinateur peut permettre de compenser le déficit de l'écriture manuscrite…" (page42). Parmi les conséquences, retenir que la dyspraxie peut être source d'une très grande fatigabilité cognitive, puisque l'enfant dyspraxique doit fixer constamment son attention sur la réalisation de gestes que d'autres font instinctivement.
Caroline Huron s'efforce d'accompagner les parents au long des différentes étapes de leur nouvelle vie de parents d'un enfant handicapé, de l'état de choc initial à la recherche d'aide, en passant par le déni, par la recherche anxieuse d'informations, par l'incompréhension de l'entourage… Les parents sont souvent bien seuls, et tout est à inventer.
Si elle avait un conseil à donner pour l'éducation d'un enfant dyspraxique, ce serait sans doute celui-ci : veillez en toutes circonstances à ce que l'enfant ne perde pas l'estime de soi. L'enfant dyspraxique fait si souvent l'expérience de son échec vis-à-vis de ses camarades, qu'il en vient vite à l'idée : "je suis incapable de faire, je suis nul". D'où une recension de situations où les parents doivent faire preuve de vigilance : ne pas confondre bêtises et conséquences du handicap, ne pas confondre incapacité et mauvaise volonté, étayer les repères dans le temps et dans l'espace, expliquer et expliciter le monde à l'enfant qui n'en a pas toujours l'exacte perception, reconnaître le sens de l'effort…
Le chapitre sur l'école est particulièrement important, puisque l'école est un endroit où l'enfant dyspraxique va souffrir, et ce dès la maternelle et peut-être même surtout en maternelle puisque dès la Moyenne Section les activités graphiques et motrices  y sont particulièrement développées, domaine privilégié de la motricité fine et domaine privilégié de l'échec de l'enfant dyspraxique. Mais sur la scolarisation, les propositions de Caroline Huron soulèvent quelques questions, pas tant dans le principe d'ailleurs que dans la mise en oeuvre.
Le principe est simple, en effet : repenser les activités et les exercices mettant en jeu des capacités altérées par le handicap, graphisme, prise d'informations visuelles, lectures de tableaux, de colonnes, de figures géométriques, etc., et mettre en place des activités et des exercices adaptés, contournant la difficulté. L'ordinateur va tenir une place primordiale puisqu'il permet de contourner l'écriture manuelle et d'adapter la présentation des textes et des figures en fonction des troubles visuels. Toutes les disciplines peuvent être passées en revue, de la maternelle au lycée. A tous les niveaux des adaptations sont possibles, et nécessaires. Un exemple : le matin l'enseignante propose à la classe un exercice consistant à remettre dans l'ordre les mots d'une phrase. Elle distribue les photocopies. Il faudra découper, remettre les mots dans l'ordre et coller. L'élève dyspraxique est incapable de travailler sur ces photocopies. Mais l'enseignante a prévu une présentation adaptée de l'exercice, que l'élève trouve sur son ordinateur. Il n'est donc pas pénalisé, il fait le même travail que le groupe classe.
Le problème de la scolarisation de l'enfant dyspraxique se trouve donc déplacé en amont. La question devient : qui va réaliser le travail d'adaptation, qui doit être très individualisé et conçu  au plus près des besoins de l'enfant ? Il faut savoir ici que Mme Huronet et des bénévoles de son association "Le cartable fantastique" ont déjà fourni un énorme travail d'adaptation (*), qui constitue aujourd'hui une bibliothèque de ressources (**). Ils y consacrent un temps considérable. Constatant que beaucoup d'enfants doivent refaire l'école le soir à la maison pour rattraper leurs retards ou leurs incompréhensions de la journée, Mme Huron écrit : "Personnellement, j'ai fait le choix de faire différemment. Ce n'est pas Manon qui travaille les soirs, pendant les week-ends et les vacances, c'est moi. Plutôt que de passer du temps à travailler avec elle, je passe du temps à adapter les supports pour qu'elle puisse travailler seule et surtout à l'école" (page 118). Quand l'enseignante est coopérante et accepte d'utiliser les supports fournis par les parents, c'est parfait !
Certes. Mais tous les parents et tous les enseignants, à supposer qu'ils sachent ce qu'ils pourraient faire, ne peuvent pas y consacrer trois heures par jour. Le livre ne traite pas de l'autre volet, qui serait celui de l'enseignant, de sa compétence et de sa disponibilité, - un enseignant qui n'a pas dans sa classe un seul élève, qui serait l'élève dyspraxique. Mais c'est à l'éducation nationale qu'il appartient d'écrire ce second volet. Il y a bien sûr des connaissances de base à avoir, concernant les limitations d'activité de l'élève dyspraxique et certaines erreurs à ne pas commettre (faire recopier un texte mal écrit, de préférence pendant la récréation !). Mais reste le problème de la pédagogie adaptée et de ses outils. J'ajouterai donc une remarque sur l'aide à apporter aux enseignants : une voie possible et réaliste me semble être celle de la mutualisation des compétences. On en trouve un exemple intéressant dans un projet du rectorat de Strasbourg : Il s’agit d’une charte (***) pour un travail en  réseau des établissements et des enseignants qui reçoivent des élèves dyslexiques, mais des projets plus ou moins proches pourraient être conçus pour d’autres handicaps. Le principe en est simple : mettre en commun les questions, les compétences (aujourd'hui trop dispersées) et les outils  des uns et des autres, partager les expériences qui réussissent.
En terminant, Caroline Huron rappelle brièvement quelles sont les étapes administratives qui marquent le parcours des parents de l'enfant handicapé - dossier en MDPH, projet personnalisé de scolarisation, réunions de l'équipe de suivi – et donne là encore d'utiles conseils pratiques.
Pierre Baligand - novembre 2011

(*) Ces parents échangent volontiers sur la liste de diffusion "dyspraxie"
(**) http://www.lecartablefantastique.fr
Certains travaillent à la réalisation de manuels adaptés sur support numérique. On souhaiterait disposer de manuels adaptés à la source.
(***) Voir : "Inclusion scolaire et accessibilité", la charte de Strasbourg. Sur http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page85.htm

 

Mise à jour : 26/11/11


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