TROUBLES
DU LANGAGE ET DES APPRENTISSAGES ET SCOLARISATION |
bonnes pratiques |
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Visite
d'une upi pour jeunes dyslexiques
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La question de la scolarisation des enfants dyslexiques et des enfants dysphasiques
est revenue à l'ordre du jour sous la pression des familles (1) et de leurs
associations (2), et dans un contexte marqué d'une part par l'importance
accordée à la maîtrise du langage oral et écrit, critère
de réussite scolaire, et d'autre part par une meilleure approche de la
dimension neurologique des troubles du développement (3).
|
En
confiant à l'Inspecteur d'Académie Jean-Charles Ringard la charge
d'établir un rapport sur ces questions (4), le ministère de l'éducation
nationale reconnaissait que les réponses qui leur sont apportées
par le système éducatif sont actuellement insuffisantes. |
Le
débat est à la fois d'ordre théorique, puisqu'il porte sur
la nature de ces déficiences du langage oral et écrit mal reconnues
par l'éducation nationale, et d'ordre pratique, dans la mesure où
il appelle une réflexion sur les modalités de la scolarisation des
enfants et des jeunes concernés. |
Nous
ouvrons une page sur ces problèmes en vue de mettre à la disposition
des familles, et parfois des enseignants, des éléments d'information
susceptibles de les éclairer dans leur réflexion et dans leurs engagements.
La présence de cette page correspond tout à fait à l'esprit
et aux objectifs de notre site puisqu'aussi bien, et c'est l'une des lignes de
force du "rapport Ringard", la prise en charge des enfants dyslexiques
et dysphasiques doit être fondée sur un partenariat. |
| (1)
dont certaines, ayant le sentiment de se heurter à un mur du côté
de l'école, se retrouvent notamment sur les listes de diffusion internet
pour exprimer leurs difficultés et leur souffrance. (2) telles que
: Association AVENIR DYSPHASIE www.avenir-dysphasie.asso.fr
APEDYS www.apedys.com MOTAMOT wwww.motamot.org
CORIDYS est une association de professionnels www.coridys.asso.fr
(3) par exemple
le laboratoire COGNI-SCIENCES de Grenoble http://clio.grenoble.iufm.fr/recherch/cognisciences
et les travaux du Dr Zorman, qui propose des réponses d'ordre pédagogique
aux difficultés des enfants et des jeunes dans le domaine du langage écrit
et oral. (4) rapport qu'on appelle le plus souvent, pour faire court, le
"rapport Ringard" |
| |
2.
Visite
d'une classe adaptée accueillant en collège des jeunes dyslexiques |
| Nous
remercions le collège du Saint Sacrement, à Aigrefeuille d'Aunis,
qui nous a autorisé à reproduire ce rapport de la visite faite par
un Inspecteur de l'Éducation nationale de la classe adaptée accueillant
des adolescents souffrant de troubles spécifiques du langage oral. (36,
place de la République, 17290 Aigrefeuille d'Aunis - 05 46 35 50 48) |
Je
me suis rendu au Collège du Saint Sacrement, à Aigrefeuille d'Aunis,
le ... 1999. Durant cette matinée, j'ai rencontré M. N., directeur
du collège, et j'ai assisté au cours de français ainsi qu'à
celui de mathématiques. Je me suis entretenu avec le professeur principal
et avec celui de mathématiques. |
A
l'emploi du temps des neuf élèves de la classe (dite "de consolidation",
pour dyslexiques) étaient inscrites ce matin-là 1 heure de français,
1 heure de mathématiques, 2 heures d'EPS. |
De
l'ensemble des informations que j'ai pu recueillir, il ressort les éléments
suivants : |
| Les
élèves |
o
Ils sont neuf. Cinq sont nés en 87, trois en 86, un en 85. Ils ont donc
entre un et trois ans d'écart avec l'âge habituel des élèves
de sixième. Six sont de fin d'année, quatre doublent la classe de
sixième, un n'était plus scolarisé. L'objectif premier est
de les réconcilier avec l'école, et de leur permettre de s'accepter
avec leurs difficultés. |
o
Leur niveau semble normal ou proche de la normale en mathématiques (sauf
calcul mental), beaucoup plus faible en français (CE/CM). |
o
Leur recrutement s'est effectué sur dossier scolaire faisant apparaître
un échec scolaire avéré et après avis médical
confirmant chez l'élève la présence d'un trouble " dys
" (dyslexie, dysphasie...) à l'exclusion de tout autre. |
o
Ces diagnostics sont portés par le Dr Bourdeau, de Bordeaux, par le Dr
Gérard, de Paris, par Mme le Dr Billard, précédemment à
Tours et aujourd'hui à Paris. Les avis toutefois ne pointent pas l'anomalie
cérébrale ou neurologique comme telle : ils induisent la dyslexie
à partir de ses symptômes, repérés de manière
assez classique (difficultés de langage et difficultés de lecture...).
Hormis peut-être leur fatigabilité déclarée, le comportement
des élèves n'appelle pas de remarque particulière. |
o
Certains élèves viennent de loin (... ) bien qu'ils ne bénéficient
pas de tarif scolaire de transport. L'un d'entre eux est hébergé
en famille d'accueil. |
o Tous
les enfants effectuent un travail régulier d'orthophonie en externe, un
suivi médical a lieu une fois par an. Mais la classe n'a pas d'orthophoniste
ni de médecin attitré. |
| Aspects
pédagogiques |
o
Les pratiques pédagogiques adoptées révèlent un souci
évident de prise en compte de la spécificité des élèves
concernés (lecture orale par le professeur des énoncés de
mathématiques et d'une manière générale relativisation
de l'écrit, peu de travail de copies, support gestuel en français
pour préciser certains sons, non-utilisation de la lecture orale par les
élèves) ainsi qu'une approche relationnelle bienveillante et beaucoup
de bonne volonté de la part de l'équipe enseignante. Les supports
de travail mis à la disposition des élèves sont classiques
(cahiers, livre de mathématique...). L'outil informatique semble être
assez souvent utilisé. |
o
Les enseignants ont pu bénéficier de quelques journées de
formation organisées par le collège et qui ont été
animées tour à tour par un médecin, une orthophoniste, une
neuropsychologue. Néanmoins, la formation est surtout d'ordre pédagogique
et porte notamment sur la "gestion mentale", dans le cadre des travaux
de La Galanderie. |
o Des aménagements
horaires ont été apportés au fonctionnement de la classe.
Les élèves bénéficient par exemple d'heures supplémentaires
en Arts plastiques et en EPS, d'une pratique écourtée à 1/2
heure en langue vivante, d'une heure de "théâtre " en français.
Plusieurs activités ont lieu avec l'autre classe de sixième de l'établissement
(16 élèves). |
o
L'équipe enseignante se réunit pour concertation une heure par semaine.
Le professeur principal dispose quant à lui d'un mi-temps complet afin
d'assurer la liaison interne et externe. Il rencontre individuellement chacun
des élèves, leur famille, leur orthophoniste. |
Aucun
projet personnel d'aide ou d'accompagnement n'est cependant formalisé. |
| Autres
aspects |
o Les fondements
scientifiques auxquels se réfère l'équipe sont ceux de la
neurobiologie, adoptés d'ailleurs pour partie au moins par l'Observatoire
national de la lecture (Apprendre à lire, CNDP, 98) et qui explique l'origine
des difficultés rencontrées "par une anomalie des structures
cérébrales et cognitives" |
o
Un travail en réseau avec d'autres établissements est mentionné
par le Directeur. Ce travail semble consister principalement dans l'échange
de pratiques et de formateurs. La liaison avec le collège de M. et son
neuropsychiatre, le Dr Delassus, semble privilégiée. |
| Conclusion |
Les
élèves, accueillis au sein de la classe en nombre très restreint,
semblent avoir repris avec bonheur le chemin du Collège et de l'apprentissage
alors qu'ils étaient pour la plupart en grande difficulté à
la fois scolaire, personnelle et parfois même familiale. |
Les
conditions et la qualité de l'accueil, la présence attentive et
dévouée des enseignants, bien plus encore que la pédagogie
qu'ils mettent en uvre, nous semblent pouvoir expliquer cette évolution
positive. Bien que conduite dans des conditions tout à fait exceptionnelles
et susceptible de progrès (plus grande adaptation pédagogique, fonctionnement
par projet concerté d'aides individuelles notamment... ) c'est ce que cette
expérience très empirique semble avoir le mérite de montrer. |
Il
n'y aurait sans doute que des avantages à ce qu'un (ou plusieurs) collège(s)
de l'Education Nationale du département mette(nt) en place un dispositif
analogue pour l'accueil adapté d'élèves présentant
des troubles de l'apprentissage de la lecture alors qu'ils semblent par ailleurs
aptes à suivre une scolarité en collège. N. |
| |
3.
Quelques commentaires sur ce compte-rendu |
1.
Cette classe dite "de consolidation" a pu être ouverte par le
collège privé de A. à la suite d'une baisse des effectifs
qui a permis de remplacer ainsi l'une des deux classes de 6ème existant
précédemment. Le collège pouvait ainsi conserver ses moyens,
élargir son recrutement, et prendre une initiative utile. Les baisses d'effectif
donnent souvent des idées...! |
2.
La plupart des jeunes formant cette classe avaient connu auparavant des parcours
scolaires chaotiques et difficiles, allant d'échec en échec. Les
moyens de la pédagogie ordinaire, y compris l'aide des RASED (Réseaux
d'aides spécialisées aux élèves en difficulté)
s'étaient révélés insuffisants. |
3.
La lecture des "diagnostics" portés par des spécialistes
se révèle décevante pour les tenants de la conception neuro-médicale
d'un dysfonctionnement cérébral minime pour expliquer l'origine
de ces troubles. Aucun élément médical ne confirme l'hypothèse
d'un lien entre difficulté à lire et atteinte cérébrale
(1). On constate les difficultés à lire, qui atteignent un degré
effectivement surprenant, mais on ne les explique pas. |
| (1)
Voir sur ce point les précisions qu'a bien voulu nous apporter le Dr Cassou.
Chap. 4. Echanges autour de la scolarisation des enfants dys : note
sur le diagnostic et sur l'origine des trouble |
4.
La constitution de cette classe, constituée comme un groupe homogène
d'enfants atteints de troubles langagiers, se trouve confortée par le
rapport Ringard. Pourquoi n'a-t-elle pas été constituée
en tant qu'UPI (comme cela aurait sans doute été le cas dans l'enseignement
public) ? On avancera plusieurs raisons : |
- la
classe a été construite avec les moyens du bord, et de manière
sinon sauvage, du moins artisanale. L'enseignement privé bénéficie
d'une certaine liberté de manuvre, et la question n'a pas été
posée au départ.
- le
collège ne disposait pas de l'enseignant spécialisé en principe
nécessaire pour ouvrir une upi.
- le
collège souhaitait peut-être au départ rester maître
de son recrutement plutôt que de dépendre de la CCSD (commission
de l'éducation spéciale pour le second degré).
- l'image
habituelle de l'upi connote peut-être encore l'idée d'un retard mental
ou celle d'une discrimination.
- le
partenariat semble s'être mis en place progressivement.
|
Mais
la reconnaissance de la classe comme UPI serait
sans doute préférable, d'autant que son fonctionnement présente
de fait la plupart des caractéristiques d'une UPI (*): |
- Il
s'agit bien d'un petit groupe d'élèves présentant des difficultés
sévères d'apprentissage et qu'on peut considérer comme réellement
handicapés au sens des nomenclatures officielles du handicap, comme le
reconnaît le rapport Ringard. Leur recrutement par une commission de l'éducation
spéciale constituerait une garantie pour le collège (et il permettrait
en outre de résoudre certains problèmes liés aux frais de
transport des élèves).
- Les
élèves bénéficient bien d'une double prise en charge,
pédagogique d'une part, médicale ou paramédicale de l'autre,
et ces actions ne sont pas juxtaposées mais articulées dans des
projets communs, même si l'on doit souhaiter une meilleure mise en forme
du projet de classe et des projets individuels de chaque jeune. Ces projets devraient
faire l'objet d'une rédaction écrite.
- La
pédagogie pratiquée dans cette classe, sans être une pédagogie
spécialisée - qui n'existe peut-être nulle part - apparaît
bien comme une adaptation de la pédagogie, tant dans ses rythmes que dans
ses contenus. Mais le fonctionnement de la classe, dans le cadre de l'organisation
générale du collège, facilite également la participation
des élèves à la vie du collège et aux activités
des autres classes, notamment de l'autre 6ème.
- Un
enseignant est déchargé de cours à mi-temps pour assurer
les coordinations internes et externes : animation de l'équipe pédagogique
(une heure de coordination hebdomadaire), relations intra-collège, liaisons
avec les familles et avec les multiples partenaires, travail en réseau
avec d'autres établissements ayant ouvert des classes analogues, notamment
dans le domaine de la formation. (PB - janvier 02).
(*)
Cette classe est effectivement devenue une UPI en 2004.
|
Mise
à jour : 20/03/04
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