POUR MEMOIRE |
|
Adresse de cette page : http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page423.htm
Le
rapport IGAS/IGEN - janvier 2002 et
les dispositifs d'aide à l'intégration scolaire Présentation
Voir
le texte du rapport à la page Le rapport IGAS/IGEN |
|
S'il
y a des difficultés et des échecs d'apprentissage qui interpellent
les enseignants au cur même de leur pratique pédagogique, -
l'enseignement de la lecture et l'éducation du langage, - ce sont bien
ceux qui sont en relation avec les troubles neurologiques ou neuropsychologiques
du langage. C'est pourquoi
la scolarisation des enfants porteurs de ces troubles s'avère souvent désastreuse
si l'enseignant reste seul face au problème et si aucune aide ne lui
est apportée. La mise en uvre d'un partenariat réellement
opérationnel et efficace , avec des professionnels des pathologies du langage,
apparaît le plus souvent indispensable pour une scolarisation réussie.
Un
rapport honnête et accablant
De
ce point de vue, le rapport d'évaluation des dispositifs médico-sociaux
et sanitaires (1) participant à la détection, au dépistage,
au diagnostic et à la prise en charge des troubles spécifiques du
langage établi par la Commission d'enquête IGAS/IGEN pourrait
sembler décourageant (2). Sa conclusion est catégorique : l'ensemble
de ces dispositifs sont actuellement en France notoirement insuffisants. Mais
l'intérêt de ce rapport sans complaisance est de dresser un tableau
de la situation actuelle beaucoup plus précis et exigeant qu'il ne l'a
jamais été. |
| (1)
Le secteur médico-éducatif est le secteur couvert par la loi d'orientation
de 75, il comprend notamment les IME (instituts médico-éducatifs),
les IR (Instituts de rééducation), les SESSAD, les CAMSP, et également
les CDES. Le secteur sanitaire est le secteur hospitalier, il comprend notamment
les hôpitaux de jour, les dispensaires de psychiatrie
infanto-juvénile et les CMPP. (2) Mission confiée
le 6 juin 2001 à trois inspecteurs généraux de l'Éducation
nationale (Mesdames Catherine Bizot et Yveline Ravary, et Monsieur Bernard Gossot)
et à deux inspecteurs généraux des Affaires sociales (Madame
le Docteur Anne-Chantal Rousseau-Giral et Madame Hélène Strohl).
Cette mission constituait la mesure n°11 du plan d'action interninistériel
2001-2003 relatif à la prise en charge de ces troubles. Voir le résumé
du rapport dans la partie "documents annexes" du site : "Le
rapport IGAS/IGEN". |
La
mission se proposait de vérifier si les retards et les échecs constatés
dans les domaines de la prise en charge rééducative et pédagogique
étaient liés aux faiblesses du dispositif de dépistage et
de diagnostic et en particulier à des présupposés étiologiques
fortement imprégnés par l'approche psychothérapique. |
D'emblée,
toutefois, la mission reconnaît qu'il ne lui a pas été possible
d'établir un réel état des lieux, d'ordre quantitatif, faute
de définitions établies et consensuelles des troubles spécifiques
du langage et faute de données épidémiologiques fiables.
(3) |
| (3)
Tout travail sur la scolarisation des enfants concernés se heurte également
à la complexité des troubles du langage au niveau de leur définition...
Ces troubles sont divers et ils s'accompagnent souvent de troubles associés. |
1.
L'insuffisance des dispositifs existants
Le rapport constate qu'aucun des dispositifs pédagogiques et de soins
existants n'a été spécifiquement institué pour prendre
en charge les enfants souffrant de troubles complexes du langage. |
1)
Les structures scolaires spécialisées semblent
peu adaptées à l'accueil de ces enfants et adolescents, souvent
d'intelligence normale ou supérieure. (voir ci-dessous : 3. Les dispositifs
de l'intégration scolaire). |
2)
Les dispositifs sanitaire et médico-social
ne prennent en compte que depuis peu les troubles complexes du langage. |
- La
mission constate le faible effectif de spécialistes médicaux
et paramédicaux bien formés sur le sujet : déficit notamment
en neuropsychologues compétents pour effectuer un bilan neuropsychologique.
- C'est le secteur libéral, en particulier les orthophonistes,
qui prend en charge en ambulatoire la majorité de ces enfants, bien que
leur formation sur les troubles complexes du langage (oral notamment) soit encore
insuffisante.
- La médecine scolaire reste organisée
selon un modèle de bilans systématiques peu compatible avec des
interventions ciblées.
- L'offre ambulatoire institutionnelle,
tout en offrant une palette de structures et un vivier de compétences qui,
en principe, les prédisposent à l'accueil des troubles complexes
du langage, n'en présentent pas moins actuellement de graves in suffisances
:
- les CAMSP ne disposent pas d'orthophonistes
en nombre suffisant et leur compétence s'arrête à 6 ans ;
- les CMPP, au moins la plupart d'entre
eux, et bien qu'ils reçoivent déjà une grande partie des
enfants souffrant de troubles dits instrumentaux, n'ont pas la culture neuropsychologique,
voire dénient l'existence propre de ces troubles, systématiquement
rapportés à une étiologie psychogène ;
- les
CMP, dispensaires du secteur de psychiatrie infanto-juvénile,
semblent moins indiqués a priori : ils sont saturés par la prise
en charge des troubles psychiatriques, et leurs personnels ne sont pas formés
à l'approche neuropsychologique ;
- les
équipes hospitalières, enfin, semblent très faiblement
impliquées, en dehors de quelques CHU qui ont ouvert des consultations
multidisciplinaires spécialisées.
2.
Le parcours difficile des enfants Dans
les six départements visités, la mission a observé que les
parcours des enfants souffrant de troubles complexes du langage relèvent
encore trop souvent du parcours du combattant. |
- La
détection est essentiellement le fait des enseignants de maternelle,
avec les risques d'une stigmatisation trop rapide ou au contraire d'une minoration
des problèmes
- Les pratiques de diagnostic sont de
qualité disparate.
- La prise en charge est souvent tardive,
erratique et inadaptée. Les professionnels spécialisés, notamment
les orthophonistes risquent de négliger l'approche multidisciplinaire
des troubles sévères et de leur rééducation.
- Problème
important, souvent sans solution, des enfants souffrant de troubles complexes
du langage associés à des troubles du comportement. Ces cas
sont loin d'être rares.
- Les enquêteurs pensent avoir observé
une tendance des parents à demander une éducation spécialisée,
c'est-à-dire, la création d'établissements ou de classes
spécialisées. Ils s'inquiètent du risque de création
de filières (4).
|
| (4)
Ce n'est certes pas la tendance qui s'exprime sur les listes de diffusion internet,
où la majorité des parents revendiquent le droit à l'accueil
dans les classes ordinaires (avec l'aide des AVS !). |
De
ces observations, la mission a tiré quelques propositions,
obéissant à la nécessité de mettre en place une prise
en charge précoce sans instituer une nouvelle catégorie spécifique
de handicap : |
- La détection
des difficultés d'apprentissage du langage, oral puis écrit, paraît
relever des enseignants et le dépistage des médecins scolaires
et de ceux de PMI.
- La nécessité d'un diagnostic
très complet de la nature et des formes des troubles complexes du langage
confirme la nécessité d'une montée en puissance des centres
de références. (5)
|
| (5)
Des "centres de référence"
seront mis progressivement en place dans les centre hospitaliers pour le diagnostic
et les préconisations de prise en charge, ainsi que l'articulation des
dispositifs existants. Ces centres contribueront notamment à mieux documenter
les dossiers présentés en CDES de façon à faciliter
la tâche des équipes. Leur avis devrait être sollicité
pour tout renouvellement de séances d'orthophonie, en libéral ou
en CMPP, au-delà de six mois. Une vingtaine de ces centres fonctionnent
déjà de façon satisfaisante sans attendre le " label
". On en trouvera la liste dans ce site. Voir : liste
des Centres de référence pour le diagnostic des enfants et adolescents
souffrant de tyroubles du langage. |
- La prise en charge doit être diversifiée et donner lieu pour
chaque enfant à l'établissement d'un projet individuel de prise
en charge, avec un professionnel référent, acté par la CDES
(6).
|
| (6)
Les solutions de prise en charge pour ces enfants doivent être diversifiées
et coordonner, le plus souvent, les interventions des professionnels du secteur
libéral, des institutions scolaires, médico-sociales et sanitaires,
ambulatoires et des établissements. Le rôle d'orientation des CDES
devient donc primordial. Or à l'heure actuelle, trop d'équipes de
CDES font du handicap une approche restrictive. Dans le contexte actuel, les CDES
sont en difficulté pour appréhender les dossiers de demandes d'AES,
d'orientation ou simplement d'aménagement à l'examen, du fait de
leur méconnaissance des troubles complexes du langage et de leur difficulté
à évaluer le taux d'incapacité qui en découle pour
l'enfant. |
- La construction
d'un plan départemental de prise en charge des troubles complexes
du langage peut être élaboré dans le cadre de Handiscol.
- La
formation des enseignants, des psychologues scolaires, des orthophonistes,
des médecins de santé scolaire et de PMI doit être revue et
actualisée (7).
|
| (7)
Des préconisations pédagogiques à destination tant des enseignants
spécialisés que de ceux des classes ordinaires, mais également
des réseaux d'aides aux enfants en difficultés sont détaillées
dans le rapport. |
| |
3.
Les dispositifs de l'intégration scolaire
Les dispositifs de prise en charge doivent être diversifiés en
fonction de la gravité et de l'ancienneté des troubles. v
Côté
école |
Rappelons
que les modalités de la scolarisation
de ces enfants, dès lors que celle-ci exige des aménagements, peuvent
être de trois ordres, en fonction de la sévérité des
troubles et des aides accessibles : a) scolarisation dans les classes ordinaires,
dans le cadre d'un projet individuel d'intégration b) scolarisation
dans une classe d'intégration scolaire (clis) c) scolarisation dans
les classes d'un établissement spécialisé (8) |
| (8)
Seuls les enfants souffrant de troubles complexes très
sévères ou de troubles associés, ont besoin d'une
éducation en établissement ou section d'établissement spécialisé.
Nous ne nous arrêterons pas à cette catégorie d'enfants. Les
autres ont besoin d'une pédagogie individualisée dans une classe
ordinaire ou intégrée d'une rééducation organisée
en ambulatoire et d'une rééducation organisée en ambulatoire.
|
a) Le rapport observe qu'il plusieurs
formules d'intégration en milieu ordinaire,
basées sur une démarche de projet
et autorisant une articulation avec un suivi médical
extrascolaire. Force est de constater toutefois que l'adhésion
à cette démarche de projet est loin d'être acquise par tous,
tant du côté des enseignants que du côté des professionnels
de la santé. |
b) La scolarisation
dans une classe d'intégration scolaire (clis),
également basée sur une démarche
de projet et articulée avec un suivi
médical extrascolaire pourrait s'avérer adéquate
dans le cadre d'une problématique d'enfants à besoins éducatifs
spécifiques. (9) |
| (9)
Il n'existe à l'heure actuelle que peu d'accueils possibles en CLIS ou
en UPI, pour les enfants souffrant de troubles complexes du langage. Le rapport
des Inspecteurs généraux observait en janvier 2002 que cette formule
se heurtait à la difficulté d'inscrire ces troubles dans une problématique
de prise en charge d'enfants handicapés (c'est-à-dire à
besoins éducatifs spécifiques). Cette possibilité
a été reconnue depuis par la circulaire du 31 janvier 2002 relative
aux troubles du langage et confirmée par la circulaire du 30 avril 2002.
|
Concernant
les dispositifs scolaires, le rapport rejoint les orientations de la circulaire
relative aux troubles du comportement, parue peu avant le dépôt du
rapport. (Voir : la circulaire du 31/01/ 02).
On sait que la circulaire
estimait inutile la création de CLIS ou d'UPI bénéficiant
d'un statut particulier pour accueillir les enfants concernés. Le rapport
IGAS/IGEN n'est pas favorable non plus à la création de catégories
juridiques spécifiques pour les établissements et services (SESSAD
ou SSEFIS) prenant en charge les enfants souffrant de troubles complexes du langage
(annexe XXIV). Selon
les endroits, ces services pourront intervenir auprès d'un enfant scolarisé
dans une classe ordinaire, mais avec un projet individuel, soit auprès
d'enfants souffrant de ces troubles et regroupés dans une même classe. |
|
v
Côté partenaires
Quelles sont les structures ou les dispositifs d'aide extrascolaire,
avec lesquels une intégration scolaire peut être combinée,
dans le cadre d'une intégration individuelle dans une classe ordinaire
ou d'une intégration collective ? Le rapport des Inspections générales
évoque : 1.
les SESSAD ou SSEFIS (Service de Soutien à l'Education
Familiale et à l'Intégration Scolaire) |
Les
enfants souffrant de troubles sévères auront besoin d'une scolarisation
dans une classe intégrée ou dans une classe ordinaire avec un projet
d'intégration et l'appui d'un service de soins à domicile (SESSAD
ou SSEFIS) qui leur fournira les prestations de soins et rééducation
nécessaire en plus de la pédagogie adaptée (10). |
La
prise en charge extrainstitutionnelle est alors organisée par les professionnels
- et parmi eux, bien entendu, des orthophonostes - et non plus laissée
à charge des parents ; la relation avec l'équipe enseignante et
l'institution scolaire est systématisée.
Ce dispositif paraît particulièrement bien adapté à
la prise en charge des enfants souffrant de troubles complexes du langage sévères. |
| (10)
S'il n'existe aucun texte prévoyant, dans le cadre des annexes XXIV, l'agrément
d'établissements médico-éducatifs ou de services de soins
à domicile pour enfants souffrant de troubles complexes du langage, certains
établissements ont créé ou proposé des
SESSAD ou SSEFIS. La plupart les établissements et services pour enfants
déficients auditifs sont prêts à reconvertir leurs capacités
excédentaires dans la prise en charge de ces enfants. |
2.
les orthophonistes Comme
on l'a déjà noté, c'est le secteur libéral, en particulier
les orthophonistes, qui prend en charge en ambulatoire la majorité de ces
enfants. |
Le
rapport observe que l'une des difficultés auxquelles on se heurte pour
un travail efficace tient au fait que la cotation des actes de bilan soit peu
intéressante en regard du temps qu'ils impliquent (11). D'autre part, l'offre
libérale de rééducation se trouve souvent débordée
face à des formes sévères impliquant une prise en charge
multidisciplinaire coordonnée et un rythme plurihebdomadaire. |
| (11)
Il semble en effet que le statut des orthophonistes ne
favorise pas leur implication dans un véritable partenariat, à moins
d'un certain bénévolat de leur part
Le rapport ajoute
qu'une réforme de la tarification des établissements et services
pour enfants handicapés (dotation globale) conjointe à une harmonisation
des tarifs laissés à charge des parents selon que l'enfant est rééduqué
en libéral, en ambulatoire ou en établissement devrait permettre
une neutralité dans la construction des projets individuels de prise en
charge. |
|
Mise
à jour : 20/09/02
| PAGE
PRÉCÉDENTE |
SOMMET
DE LA PAGE |
PAGE SUIVANTE |
| |
RETOUR AU PLAN DU SITE |
|
|