Les
ULIS |
réalisations |
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Une UPI
au LYCÉE PROFESSIONNEL RÉGIONAL (LPR) du HAUT FOREZ
à VERRIERES-EN-FOREZ (42)
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Présentation générale |
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Le LP du Haut Forez est situé dans une commune rurale à 10 km de Montbrison. Il reçoit 300 élèves, dont la moitié sont internes. Il dispense notamment une formation hôtelière, du CAP au bac. Le LP comporte un GRETA et une formation CFA académique. |
L'UPI a été créée dès 2002, elle apparaissait comme une nécessité pour des jeunes déficients moyens, à l'issue de l'UPI en collège. Les parents étaient demandeurs. La négociation avec le Lycée a été menée par M. Pennanac'h, directeur du Geist 21 de la Loire. La convention initiale a été passée avec le sessad du Geist 21 de la Loire - devenu depuis Trisomie 21 -, elle prévoyait un maximum de 10 élèves. |
Cette année (2007-2008) l'UPI compte 6 élèves, 3 garçons et 3 filles dont 4 sont trisomiques. Elle est prise en charge par deux professeurs titulaires du 2CA-SH. Les élèves sont intégrés selon des temps adaptés dans les ateliers du lycée : cuisine collectivité, maintenance hygiène des locaux (classe CAP), bioservice (BEP). |
Quatre élèves de l'UPI sont internes. Aux yeux des responsables du LP, c'est sans doute cette intégration qui pose le plus de problèmes, par manque d'un encadrement spécifique. |
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LES POINTS DE VUE DES ACTEURS |
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Le point de vue de l'enseignante de l'UPI |
Mme Picot est professeur de biotechnologie. Elle est titulaire du 2CA-SH, et elle a l'UPI en charge à mi-temps, à sa demande, depuis sa création. Elle organise le travail des élèves : en cuisine, par exemple, elle prend le groupe UPI une heure par semaine et pour les deux autres heures les élèves de l'UPI sont en atelier avec d'autres classes. Mme Picot note au passage qu'il est nécessaire, pour réaliser ces intégrations, de maintenir des classes de CAP. De ce point de vue, la fermeture un moment envisagée de la section hygiène des locaux aurait été désastreuse . |
Les élèves de l'UPI ont besoin de temps entre eux - un peu - et de temps avec les autres -beaucoup - ! On pourrait penser que les élèves de carrières sanitaires et sociales seraient les plus attentives aux jeunes de l'UPI. En fait, observe Mme Picot, ce ne sont pas eux qui font le plus. On voit des élèves de CAP qui ont des difficultés dans leur vie personnelle qui se montrent plus accueillants. |
On développe progressivement l'alternance, pour favoriser l'insertion professionnelle. Actuellement, un élève est chaque semaine 2 jours en stage et 2 jours au lycée. Deux anciens ont aujourd'hui un travail ordinaire, dans la cuisine centrale d'une commune. |
Nos élèves ont des aptitudes professionnelles qui peuvent intéresser un employeur, dans le fait par exemple qu'ils ne rechignent pas aux tâches répétitives. Et puis ils savent vivre avec les autres, ils aiment échanger... |
Propos recueillis auprès de Betty Picot, professeur de biotechnologie |
Mai 2008 |
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Le point de vue de la documentaliste |
Les élèves de l'UPI se rendent volontiers au CDI durant les récréations, attirés en particulier par les ordinateurs. |
Cette année, un projet "s'exprimer par l'"écriture, le dessin, la danse" a été lancé en liaison avec la professeur de l'UPI et à partir de la rencontre d'une artiste québécoise, Nathalie Fortier. Les deux premiers trimestres ont été consacrés à l'écriture et au dessin : atelier de création de personnages et de textes. Même ceux qui ne savent pas écrire participent. Travail commun parfois avec une classe de BEP. |
Ce troisième trimestre, danse : les élèves se montrent enthousiastes. On envisage déjà pour l'année prochaine un projet danse et musique. |
Propos recueillis auprès de Dominique MARLAT, documentaliste |
Mai 2008 |
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Le point de vue du Proviseur du Lycée |
M. le Proviseur se félicite de cette intégration. Il constate que les jeunes de l'UPI ont le sentiment d'appartenir à la communauté du lycée et que leurs camarades, souvent, se montrent accueillants, voire pédagogues avec eux ! La clé d'un bon fonctionnement, c'est l'équipe pédagogique. Elle doit être solidaire et faire preuve de souplesse : la gestion de l'UPI n'est pas simple, elle demande une adaptation constante, chaque jeune a son emploi d'un temps. |
M. le Proviseur pointe aussi quelques questions qu'il ne faut pas occulter. |
La préoccupation principale, c'est l'Internat. Car l'objectif est bien d'intégrer les jeunes de l'UPI et non de les traiter à part. Or même si on finit par les connaître et par les comprendre, ce sont des jeunes avec lesquels il reste difficile de communiquer. Leur comportement et notamment leur comportement amoureux pose des problèmes. Et le Lycée n'a pas l'encadrement ad hoc. Peut-être faudrait-il envisager la présence d'éducateurs spécialisés et que le sessad intervienne sur l'internat ? ou travailler avec un IME ? ou encore imaginer des surveillants titulaires du 2CA-SH ? |
Le sessad est un élément majeur de l'intégration. Au départ tous les jeunes étaient suivis par le même sessad. Aujourd'hui deux sessad interviennent. M le Proviseur observe que c'est un maximum, on ne peut pas multiplier le nombre des référents et des intervenants. Une réunion d'harmonisation réunit les personnels concernés une fois par semaine. On notera que l'administration ne prévoit pas ces heures dans les 18 heures de service des enseignants. Le Lycée les rémunère en HSE (heures supplémentaires). |
Le Lycée doit aussi injecter des heures dans des disciplines non prévues : les arts, l'EPS. L'EPS est importante, la condition physique est importante et le sport est un lieu où tout le monde se retrouve. Mais rien n'est prévu, alors que plusieurs des jeunes de l'UPI ont des problèmes psychomoteurs. Pour les mêmes jeunes, les IME ont des éducateurs sportifs spécialisés. |
La nature de l'établissement favorise l'intégration : présence des sections hôtellerie et carrières sanitaires et sociales. Il faut veiller à ce que les jeunes de l'UPI ne servent pas de cobayes à ces dernières ! |
Il y a encore une question qui mériterait une attention particulière de la part de l'administration, celle de la reconnaissance des acquis des élèves. Rien ne semble prévu au plan national. Un papier maison ne serait pas suffisant, il faudrait une signature officielle... Il faudrait définie plus clairement l'upi comme dispositif de formation professionnelle. |
D'une manière générale, l'administration du Rectorat ne suit pas, elle ignore (encore ?) ce que sont les UPI, alors que les Inspections académiques connaissent les UPI des collèges. Pour les UPI des lycées, rien n'est clair. Certaines question administratives restent sans réponses, concernant par exemple les bourses ou le matériel professionnel.... |
Propos recueillis auprès d' Abdelmadjid BENABIDA, Proviseur du LPR |
Mai 2008 |
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Le point de vue du Directeur du sessad de Trisomie 21isations |
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Le sessad du geist 21 (devenu depuis trisomie 21) accompagnait des jeunes qui sortaient d'une upi en collège. Ces jeunes avaient au moins prouvé qu'ils pouvaient vivre avec les autres ! Il y a d'abord eu une intégration individuelle, qui donnait aux professeurs une image des jeunes du sessad et qui était l'occasion d'établir des liens entre le sessad et le lycée. Ensuite l'équipe de direction du lycée s'est montrée favorable à la demande d'ouverture d'une UPI, un proviseur ouvert aux actions innovantes, un chef de travaux sensible à la qualité de l'accueil, une enseignante disponible pour préparer le 2CA-SH. |
Le sessad a ouvert un poste d'éducateur technique spécialisé, qui au début avait essentiellement pour tâche d'accompagner les jeunes dans les ateliers du lycée et qui aujourd'hui intervient davantage auprès des jeunes au cours de leurs stages en entreprises. Mais l'éducateur n'intervient pas dans le cadre de l'internat. Dans l'UPI, il y a aussi une AVSco, ,mais les AVSco tournent beaucoup. |
Les premiers jeunes venaient du sessad, d'autres ensuite sont venus de l'IME de l'ADAPEI qui à son tour a ouvert un sessad. L'existence de deux sessad complique sans doute le travail du lycée. (Notons que le sessad de trisomie 21 accompagne 60 jeunes de 0 à 20 ans, dont la moitié environ sont intégrés dans le second degré). Le sessad assure les soins : l'orthophoniste travaille dans les locaux du LPR, ainsi que la psychologue, qui anime un groupe de parole sur le partage des expériences |
Le LP du Haut-Forez présente l'avantage d'une communauté éducative apaisée et d'une équipe éducative motivée, dans une petite structure. Les options professionnelles sont en nombre limité, mais intéressantes : agents de petite restauration (CAP), maintenance hygiène des locaux (CAP), carrières sanitaires et sociales (BEP) notamment pour des élèves qui travailleront en maison de retraite. |
La collaboration exige des temps de concertation importants: une synthèse par an pour chaque jeune, avec tous les personnels concernés, des équipes de suivi de la scolarisation, des réunions de concertation : la même équipe référente, qui comprend notamment l'infirmière et l'AVSco, accompagne le jeune. Cette collaboration permet de tenir un équilibre entre des équipes enseignantes qui seraient peut-être tentées de ne voir que le scolaire et d'élever le niveau et le médico-social davantage centré sur le projet du jeune, qui n'est pas forcément un projet professionnel. LP et sessad travaillent ensemble sur les stages. La plupart des stages sont effectués dans les collectivités territoriales (restaurants administratifs ou scolaires), en maison de retraite, parfois en ESAT (mais ESAT hors murs).. Le LP accepte pour les jeunes de l'UPI des stages "filés", c'est à dire en alternance deux jours par semaine, et pour eux c'est une très bonne formule. Le choix du dernier stage est déterminant. On peut estimer que 50 % des jeunes seront au travail à la sortie du LPR (25 % seront sans emploi et 25 % seront dans une structure protégée). |
M. Pennaneac'h constate qu'en 20 ans, disons depuis les Annexes XXIV de 1989, la formation a bien évolué. Plutôt que de parler d'un "projet thérapeutique, éducatif et pédagogique", qui exprimerait ce que différentes instances - le sessad et/ou l'école - envisagent pour le jeune, on part du projet de vie du jeune. Le rôle des professionnels est de s'articuler autour ce ce projet. La perspective professionnelle devient alors extrêmement importante. Quand le jeune est au lycée, le rapport au métier n'est plus le même : les jeunes ont une autre image sociale d'eux-mêmes, ils se forgent une identité professionnelle, le PLP (Professeur d'enseignement professionnel) du lycée est là pour enseigner un métier, au restaurant du LPR on a une tenue professionnelle, alors que l'ETS (Educateur technique spécialisé) a une action plus complémentaire, plus "éducative". Alors, plutôt que de partir d'une affectation dans le secteur médico-éducatif pour ensuite chercher une ouverture vers un établissement scolaire ne faudrait-il pas mettre au départ une orientation en LP, avec l'action de compensation d'un soutien médico-social, - car ces jeunes, bien sûr, ont aussi des besoins spécifiques à prendre en compte. |
Propos recueillis auprès de Jean Pennaneac'h, Directeur du sessad |
Mai 2008 |
En complément, on peut voir
- le site internet du Lycée : http://www2.ac-lyon.fr/etab/lycees/lyc-42/lphforez
- Jean Pennaneac'h "Quelques articulations possibles entre l'UPI et le sessad" La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation (revue de l'INS-HSA), n° 37 - avril 2007
- Sandrine Darnon, PLP2 Professeur de Lycée Professionnel), coordinatrice UPI "L'UPI du Lycée professionnel de Verrières-en-Forez (LOIRE)" La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation n° 37 - avril 2007
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+ Pour information : un site consacré aux UPI des lycées, en particulier des lycées professionnels, qui a comme objectif de favoriser les échanges d’informations et d’expériences entre les personnels impliqués dans ces dispositifs. Voir
http://sites.google.com/site/reseauupil/Home
+ On voit apparaître des sessad qui se spécialisent dans l'aide à l'insertion professionnelle. Exemple : le SESSAD-PRO de Meyrieu : le SIPS. http://www.sessad-meyrieu.fr/
+ Une réflexion sur Evaluation et certification en UPI
Evaluer les compétences professionnelles en UPI Lycée : document du lycée Gabriel Péri Toulouse.
http://www.reseau-upil.fr/mutualisation
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