Les CLIS et les UPI |
débats |
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La
CLIS ou l'IME ? l'UPI
ou l'IME ? |
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Relecture
mai 2019 |
Cette page a été écrite en mars 2005. En la relisant en mai 2019 on constate que le questionnement reste globalement d'actualité, mais deux points retiennent plus particulièrement notre attention :
- concernant la politique d'intégration conDuite à partir des établissements, bien du chemin a été fait depuis, d'agissant de l'intégration collective ou de l'intégration individuelle. Voir par exemple dans ce site quelques "bonnes pratiques"
- concernant l'analyse comparative des effets de l'intégration ou de la prise en charge par un dispositif spécialisé, on reste par contre assez démuni. Voir par exemple page suivante : les IME, toujours d'actualité ? |
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|
PLAN | Critères internes : l'internat, les
soins, la scolarisation, la
vie quotidienne, le statut, les
vacances
Critères externes : la cintinuité
des prises en charge, la politique d'intégration |
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Quand la famille a une réelle
possibilité de choix, ce qui est peu fréquent, son option en faveur
de l'IME ou en faveur de la CLIS exprime la crainte ou le désir de l'intégration
scolaire. Nous ne reprendrons pas ici les arguments en faveur de l'intégration
(1), en notant simplement à ce propos que certaines familles, parfois à
la suite d'expériences d'intégration malheureuses, préfèrent
l'établissement spécialisé, où elles ont le sentiment
que leur enfant sera mieux protégé. Mais nous examinerons les autres
critères qui peuvent fonder un choix. |
LE DEVENIR DES ENFANTS HANDICAPÉS
INTÉGRÉS | Les
recherches sur le devenir d'enfants déficients ayant bénéficié
d'une intégration scolaire sont peu nombreuses (...) S. Ionescu fait
état d'une étude italienne portant sur seize adolescents en intégration
scolaire évalués dans les années quatre-vingt et retrouvés
douze ans après. La durée de leur intégration scolaire avait
été, en moyenne, de huit ans et demi. Le QI moyen de ces adultes
est de 55 (avec une dispersion de 34 à 67). | Malgré
les limites relatives à l'étude (...) on peut constater que la qualité
de vie des personnes retrouvées est bonne, que leur intégration
sociale est relativement réussie malgré une dépendance vis
à vis des parents et que les comportements inadéquats sont peu fréquents.
Compte tenu de ces résultats, on peut supposer que le fait d'avoir été
intégré en classe ordinaire a permis à ces personnes de développer
des habiletés interpersonnelles qui ont facilité leur intégration
à l'âge adulte. | S.
Ionescu et E. Bouteyre, "L'intégration scolaire : cadre général et évolution
des pratiques", in "Psychologie et Education", n° 43, déc. 2000. Pages 46-47. |
| |
Nous
distinguerons des critères internes, fondés sur la comparaison des
services offerts par chacune de ces deux structures, et des critères externes
relatifs aux possibilités de choisir dont disposent effectivement les familles.
Dans la plupart des cas, ce sont aujourd'hui les considérations liées
à cette seconde série de critères qui, de fait, entraînent
la décision. |
La
plupart des observations de ce chapitre ont été faites à
propos du choix "CLIS - IME", et plus particulièrement du choix
"CLIS/SESSAD - IME", mais elles concernent aussi bien le choix "UPI-IME". |
| (1)
S. Ionescu indique que les études relatives aux effets de l'intégration
scolaire à long terme sont encore peu nombreuses. Voir encadré.
On peut par contre donner des réponses à la question de savoir ce
qu'apporte l'intégration scolaire précoce aux enfants qui en bénéficient.
Voir Note annexe en fin de page : LES EFFETS DE L'INTÉGRATION SCOLAIRE
PRÉCOCE |
|
CRITÈRES
INTERNES
Les critères internes
sont fondés sur la comparaison des statuts et des modes de prise en charge. |
|
l l'internat |
constitue l'un des
services spécifiques de beaucoup d'IME, et dans nombre de cas, le choix
en faveur de l'IME est d'abord un choix en faveur de l'internat, rendu nécessaire
par la gravité d'un handicap qui exige un encadrement de tous les instants
ou considéré au moins souhaitable parce que la famille n'est pas
en mesure d'assurer la prise en charge de l'enfant handicapé (2). Le choix
de l'internat peut aussi s'imposer pour des raisons géographiques, les
autres structures étant trop éloignées du domicile familial
de l'enfant (3). Nous avons connu aussi des jeunes qui à quinze ans avaient
préféré la camaraderie de l'internat de semaine à
la solitude de la vie à la maison... |
| (2)
La circulaire sur les CLIS précise que "la CLIS organise la scolarité
adaptée des élèves handicapés qui ne peuvent dans
l'immédiat être accueillis dans une classe ordinaire et pour lesquels
l'admission dans un établissement spécialisé ne s'impose
pas". Vois Textes officiels/CLIS. |
| (3)
Dans un département au moins, une solution internat en IME + CLIS avec
SESSAD avait été mise en place par la DDASS qui avait fixé
à côté du prix de journée du SESSAD un prix pour l'hébergement
en IME. |
Mais
indépendamment de l'internat, d'autres aspects interviennent ou pourraient
intervenir dans le choix des familles : |
|
l celui
des soins |
(soins
d'ordre psychologique ou soins d'ordre paramédical tels que psychomotricité
ou orthophonie) dont l'enfant doit bénéficier. De ce point de vue,
il n'y a sans doute pas grande différence entre SESSAD et IME : les taux
d'encadrement en personnels spécialisés peuvent être assez
voisins. (4) |
| (4)
Exemple : comparaison des taux d'encadrement hebdomadaire d'un sessad et d'un
IMP (externat) pour 10 élèves déficients mentaux légers/moyens.
(Le sessad suit les élèves d'une clis/sesad). |
|
orthophonie : psychomotricité : psychologue : psychiatre :
| SESSAD
5 h 5 h 8 h 2 h |
IME
3 h 30 6 h 2 h 30 2 h | |
| l
celui de
la scolarisation |
Le rapport sur la scolarisation des
jeunes handicapés présenté en mars 99 par les Inspections
générales de l'éducation nationale et de la santé
se montre assez dubitatif sur la qualité de la scolarisation dans les établissements
spécialisés pour handicapés mentaux. On y trouve, note-t-il,
le pire et le meilleur (pages 55-56), et il est difficile de faire la part de
ce qui tient aux insuffisances de l'organisation scolaire de l'établissement
(5) et de ce qui tient à aux potentialités limitées des jeunes.
Les rapporteurs constatent toutefois que "les conditions d'enseignement sont
améliorées lorsqu'existe un véritable partenariat entre les
équipes éducatives et les professionnels responsables des soins
spécialisés" (page III). Un tel partenariat est réalisé
dans les CLIS/SESSAD, il est loin de l'être toujours dans les établissements
spécialisés. |
Les
élèves accueillis en CLIS ou en UPI doivent être capables
en tout cas, et les circulaires sur les CLIS et sur les UPI le rappellent, d'un
minimum d'apprentissage (6), même si les structures du type CLIS/SESSAD
ou UPI/SESSAD permettent d'abaisser ce seuil. Les commissions de l'éducation
spéciale (CCPE, CCSD et CDES) ont compétence pour donner un avis
sur ce point. |
| (5)
Cette insuffisance apparaît parfois quand on compare le ratio du nombre
des postes d'instituteurs par rapport à celui des enfants, en IME et en
CLIS. L'équipement scolaire des IMP est fort varié : les IMP comptent
le plus souvent de un à trois postes d'instituteurs pour une quarantaine
d'enfants, alors que la CLIS/SESSAD en possède un pour une dizaine d'enfants.
Mais ces données chiffrées doivent être interprétées
avec une grande prudence parce que le public des IME diffère selon l'agrément
de l'établissement et parce que les enfants qui bénéficient
d'une intégration en CLIS sont parmi ceux qui ont les meilleures dispositions
scolaires. |
| On
ajoutera que la scolarisation en établissement spécialisé
est fréquemment à temps partiel (la plupart des établissements,
d'ailleurs, ne reçoivent les enfants que du lundi midi au vendredi midi.
Mais les CLIS souffrent souvent d'un autre défaut, qui est que les enfants
risquent d'y rester plusieurs années dans la même classe, avec un
même enseignant. Trois ans devraient constituer de ce point de vue un maximum.
L'exemple que nous avons donné des deux CLIS/SESSAD des écoles Descartes
et Berthelot, à La Rochelle, dont l'une accueille les 6-9 ans et la seconde
les 9-12 ans nous paraît bien préférable. |
| (6)
Voir la page "textes officiels" : les CLIS
et les UPI. |
|
|
| l
celui
de la vie quotidienne et de l'encadrement éducatif |
La vie quotidienne en école
et à plus forte raison en collège est sans aucun doute plus exigeante
que la vie en IME, et requiert de la part des enfants des aptitudes comportementales
et relationnelles, et notamment des capacités d'autonomie et de communication,
plus élevées que dans un établissement spécialisé,
d'autant que l'accompagnement et l'encadrement éducatifs y sont moins enveloppants
que dans un IME. Au collège, les jeunes sont plus souvent laissés
à eux-mêmes (7). Les circulaires sur les CLIS et sur les UPI ne manquent
pas de rappeler ces exigences, qui constituent l'un des critères d'orientation
vers l'une ou l'autre de ces structures (8). Sur ce point aussi les commissions
de l'éducation spéciales ont compétence pour donner un avis. |
Les temps les plus difficiles pour
l'enfant en intégration scolaire (et peut-être pour les autres également
?), ne sont sans doute pas les temps de classes proprement dits, mais les temps
non directement consacrés aux apprentissages scolaires : récréations,
cantine, midi-14 heures, et tous ces temps passés dans les vestiaires,
les couloirs, les toilettes, que Bettelheim appelait les temps de transition et
auxquels il attachait la plus grande importance... (9) (10). |
| (7)
Le travail préparatoire à l'accueil de la CLIS ou de l'UPI fait
auprès des enseignants et des autres élèves de l'école
ou du collège, travail qui doit être reconduit chaque année,
est de ce point de vue extrêmement important. Il est évidemment facilité
quand la CLIS ou l'UPI travaillent par convention avec un SESSAD ou avec un hôpital
de jour, dont l'une des missions est de favoriser l'intégration scolaire.
|
| 8)
Voir la page "textes officiels" : les CLIS
et les UPI. |
| (9)
Nous n'avons pas retrouvé la référence précise chez
Bettelheim. Mais Bettelheim a également abordé ces questions sous
l'angle de l'architecture scolaire. Voir par exemple "Hygiène mentale
et urbanisme", in "Survivre", Ed. Laffont 1979, pp 254-255. |
| (10)
L'intérêt des CLIS/SESSAD ou des UPI/SESSAD est précisément
de réintroduire cette présence éducative dans le quotidien
de l'école ou du collège. Dans certains cas, les conventions passées
avec le SESSAD prévoient que l'éducateur accompagnera l'enfant durant
ces périodes de transition, par exemple à la cantine, quitte à
ne pas être présent en permanence en binôme avec l'instituteur.
Mais il est difficile d'obtenir ce genre d'intervention de la part des partenaires
de l'école, qui situent peut-être plus difficilement leur rôle
lorsque les enfants handicapés sont avec les autres enfants ou qui estiment
qu'ils n'ont pas à accomplir ces tâches éducatives à
la place des enseignants... Il semblerait opportun en tout cas que dans toutes
les situations d'intégration scolaire, et tout particulièrement
quand il s'agit des CLIS/SESSAD ou des UPI/SDESSAD, ces questions fassent l'objet
d'un débat et soient clarifiées. |
|
l
celui
du statut
|
L'IME est un établissement
spécialisé sous contrôle du Ministère de la santé,
il prend en charge non seulement les soins, médicaux et paramédicaux,
mais également l'hébergement, les transports et l'infra-structure
scolaire (locaux, matériel pédagogique). Seuls les enseignements
relèvent du Ministère de l'éducation nationale. Le SESSAD
est un service spécialisé, mais qui n'assure que les soins et l'éducation
spécialisée auprès d'enfants inscrits dans une école
de la commune. Quant à la CLIS, elle est une classe de l'école au
même titre que les autres. Les transports des élèves de la
CLIS sont pris en charge par le Conseil général, comme pour d'autres
enfants handicapés scolarisés à titre individuel dans une
école. La cantine est à la charge des familles, avec des aides éventuelles,
comme pour les autres enfants. |
Les
enfants de la CLIS/SESSAD ont donc le statut ordinaire des écoliers, ils
sont intégrés dans le monde de l'école, alors que les enfants
de l'IME font partie du monde de la santé. Le statut des parents se trouve
également modifié : ils sont "parents d'élève"
comme les autres, peuvent participer aux réunions de l'école, devenir
délégués des parents et membres du conseil d'école,
etc. D'un point de vue symbolique, la différence est très importante.
Le choix de la CLIS est donc pour une part d'ordre idéologique : il exprime
une préférence en faveur de l'intégration scolaire et donc,
à long terme, en faveur de l'intégration sociale des personnes handicapées. |
L'IME, toutefois, reste une
solution particulièrement intéressante pour les familles du point
de vue économique, puisque les enfants y sont totalement pris en charge.
Et de plus certains IME les accueillent aussi durant une partie des vacances scolaires. F
et les vacances ? |
Question
des
parents Février
04 | Un
droit aux vacances ? En effet mon fils O. (12 ans, IMC) est inscrit en
classe de 5ème dans un centre spécialisé privé. Cela
ne relève pas d'un choix personnel, mais d'une orientation faite en fin
de CLIS (...). Il se trouve que cet établissement est sous contrat avec
l'Administration et qu'il est obligé d'ouvrir un certain nombre de jours
par an. Le règlement intérieur précise que les enfants doivent
assister aux deux semaines supplémentaires fixées par l'institution
pour des activités extra-scolaires. |
Tous
les ans je pars à la neige avec mon fils dans le cadre d'un voyage organisé
par L'APF. Cette année les dates du voyage coïncidaient avec la première
semaine des vacances scolaires et donc, avec la semaine supplémentaire
de l'établissement. J'ai demandé une dérogation au Directeur
(1 mois avant). (...) Celui-ci m'a notifié son refus deux jours avant notre
départ. Résultat, nous sommes partis quand même (...) |
Ma
question est donc la suivante : que risquons nous ? et quels seraient les recours
? |
Réponse ISP | Il
faut situer cette question des vacances dans son cadre général,
et ne pas la poser exclusivement en termes de droit. |
Un
établissement spécialisé dépend de la DDASS. Il reçoit
une dotation budgétaire qui correspond au nombre des journées passées
par les enfants. Pour un établissement, donc, l'absence d'un enfant peut
poser un problème financier. Par
ailleurs, ses personnels ont droit aux congés ordinaires prévus
par la sécurité sociale et non pas aux congés scolaires.
Le nombre de journée de fonctionnement est donc plus important que celui
de l'école. Durant ces jours supplémentaires, en principe, l'établissement
s'attache à organiser des activités plus ludiques, sorties, etc.
D'une manière générale, les parents en sont plutôt
satisfaits, c'est un peu comme si les enfants étaient dans un centre de
vacances. |
Ceci
dit, la vie sociale aujourd'hui est souvent en rapport avec les vacances scolaires.
Parfois les enfants d'un établissement spécialisé se plaignent
de ne pas être "en vacances" alors que leurs frères et
soeurs le sont. Et les familles organisent aussi leurs loisirs en fonction des
vacances scolaires. |
Je
crois qu'il est normal que, dans votre cas, vous ayez emmené votre Olivier
à la neige avec vous. Et je ne vois pas quelles "sanctions" l'établissement
pourrait prendre. Mais il serait certainement opportun de poser le problème
(il aurait mieux valu le poser avant !) dans l'une des instances de dialogue entre
l'établissement et les familles : par qui les parents sont-ils représentés
au Conseil d'Etablissement ? Et quels contacts avez-vous avec l'association qui
gère l'établissement ? |
Vous
pourriez aussi poser votre question sur une liste de diffusion de parents d'enfants
handicapés. (Voir page Sites voisins et amis)
|
| |
|
CRITÈRES
EXTERNES |
|
l
continuité
ou discontinuité des prises en charge |
| |
Une
majorité des familles des enfants handicapés se préoccupent
peu de choisir entre CLIS et IME. Les commissions de l'éducation spéciale
(CCPE, CCSD, CDES) ne leur proposent d'ailleurs qu'exceptionnellement un tel choix,
car l'alternative n'existe pas (11). Les familles demandent pour leur enfant une
prise en charge éducative adaptée. C'est
leur souci fondamental. Elles souhaitent aussi que cette prise en charge ait une
dimension scolaire : si l'enfant est scolarisé, c'est qu'il peut encore
apprendre et progresser. |
| (11)
Nous parlons ici des enfants susceptibles d'être affectés dans une
clis/sessad ou une clis médico-psychologiques, où ils bénéficieraient,
du point de vue de l'accompagnement éducatif et des soins, de prestations
voisines de celles de l'établissement spécialisé (et qu'ils
ne trouveraient peut-être pas dans une clis ordinaire). |
Mais
à supposer que la possibilité de choix soit réelle, un autre
facteur vient peser lourdement sur la décision des familles, en faveur
de l'établissement spécialisé : celui de la continuité
des prises en charge dans une perspective à plus long terme. |
parents
de K 10 mars 05 | En
fait Killian n'est à mi-temps sur la CLIS et sur l'IME que depuis cette
année pour deux raisons : - Pratiquement tout le jeudi il fait des activités
physiques (alors qu'à l'école ils en font très peu). -
La deuxième raison est que Killian ne pourra jamais suivre de programme
scolaire. Il ne parle pas pour communiquer, (est par contre très écholalique
et communique ses besoins grace au PECS), j'espère juste qu'il apprendra
un peu à lire, un peu à compter, on verra. Et donc, même s'il
va en UPI après, ce n'est que jusqu'à 14 ans voire 15 ans. Et après,
pour un enfant comme lui, il n'y aurait plus rien .... C'est vrai que si je ne
pensais pas à son avenir, je l'aurais laissé en CLIS à plein
temps. Mais bon, notre IME n'est pas mal du tout, il fonctionne à peu près
comme à l'école, si ce n'est que les éducs sont moins "exigeants",
l'ambiance "un peu plus cool" et donc les enfants progressent moins
vite qu'à l'école sur certains points... Je pense que c'est un bon
équilibre pour Killian. |
|
Après
l'IMP (institut médico-pédagogique), qui reçoit les enfants
de 6 à 14 ans, le passage dans un IMPRO, le plus souvent géré
par la même association, s'effectue assez naturellement. L'IMPRO (institut
médico-professionnel) peut alors garder les jeunes jusqu'à 20 ans.
Et souvent, la même association gère aussi le CAT (centre d'aide
par le travail) qui pourra accueillir les jeunes adultes à la sortie de
l'IMPRO. Ainsi, une filière est constituée, et les familles ont
une certaine assurance que l'enfant placé au départ en IME (12)
ne se retrouvera pas sans solution de prise en charge à un moment ou à
un autre de son parcours. |
| (12)
L'appellation IME (Instituts Médico-Éducatifs), plus fréquemment
utilisée aujourd'hui, recouvre les IMP (Instituts Médico-Pédagogiques)
et les IMPRO (Instituts Médico-Professionnels). |
Du côté de l'éducation
nationale, par contre, la continuité des prises en charge reste absolument
aléatoire : l'élève quittera la CLIS à 11 ou 12 ans
sans garantie de trouver une place ni en UPI, - car les UPI restent rares et que
de toute façon certains élèves de la CLIS ne seraient pas
capables de s'intégrer dans la vie sociale plus exigeante du collège,-
ni en établissement, car la CDES se heurtera au manque de place en IME
: les IMP objecteront que l'enfant est trop âgé, et les IMPRO le
trouveront trop jeune.... Et si une affectation est possible en UPI, le même
problème se posera à la sortie quand le jeune aura 16 ans, et trouvera
encore plus difficilement une solution. La scolarité n'est obligatoire
que jusqu'à 16 ans. Les familles doivent donc avoir confiance que l'association
qui gère le service de soins qui accompagne la CLIS ou l'UPI sera en mesure
d'assurer la continuité des prises en charge, ce qui est encore extrêmement
rare. |
Mais elles
ne recevront aucune garantie ni du côté de la DDASS, ni du côté
de l'Éducation nationale, ni de la part de la CDES. En d'autres termes,
c'est la filière IME qui, dans la situation actuelle, offre aux parents
les meilleures garanties d'avenir... Et c'est ce qu'on pourrait appeler le maléfice
de l'intégration. |
|
l
de
la politique d'intégration | |
Ainsi,
le sentiment d'insécurité des familles n'est sans doute que le corollaire
d'une absence de volonté politique des institutions, voire aussi trop souvent
des associations. |
Nous
revenons ailleurs dans ce site sur l'analyse de ces difficultés (13). Les
familles qui entreprennent une action en faveur de la création d'une structure
scolaire accompagnée d'un partenariat suffisamment serré pour accueillir
leurs enfants en intégration scolaire dans de bonnes conditions se lancent
dans un véritable parcours du combattant (14). Il faudrait parvenir à
faire travailler ensemble l'Éducation nationale, la DDASS et les Associations
ou l'intersecteur : mais chacun est soucieux son autonomie, et s'il veut bien
faire plus c'est à la condition qu'on lui donne des moyens supplémentaires...
(15) |
| (13)
Voir la page "l'intégration : mode d'emploi"
et prochainement "le redéploiement et ses difficultés".
|
| (14)
Certaines familles considèrent que ce n'est pas leur rôle, et,préfèrent
d'autres formes d'action, d'ordre médiatique notammernt. |
| (15)
Pour illustrer leur mauvaise foi, observons simplement comment la DDASS et l'Éducation
nationale commencent par demander aux familles concernées de fournir elles-mêmes
la liste des besoins, comme si cette mission leur appartenait et comme si elles
étaient équipées pour le faire. Ou bien observons aussi,
dans un autre ordre d'idée,comment l'on fait appel aujourd'hui aux Auxiliaires
de vie scolaire pour répondre aux besoins de la prise en charge éducative
d'enfants souffrant de troubles du comportement ou d'un handicap mental. L'intérêt
des Auxiliaires d'intégration est de ne rien coûter aux inspections
académiques ni aux DDASS. |
Ainsi
les rares réalisations en ce domaine apparaissent parfois davantage comme
des concessions faites à contrecoeur à des minorités qui
se sont montrées pugnaces, plutôt que le fruit d'une politique véritablement
assumée. La preuve en est d'ailleurs que - même si les administrations
n'hésitent pas parfois à s'en servir comme d'une vitrine, - ces
réalisations restent le plus souvent sans lendemain, que cette politique
ne fait l'objet d'aucun suivi, et qu'à chaque fois les parents doivent
entreprendre à nouveau les mêmes démarches et se heurter aux
mêmes institutions qui ne manifestent pas plus aujourd'hui qu'hier la volonté
de développer à ce niveau une politique d'intégration scolaire. |
| |
|
| l
Conclusion | |
En conclusion, nous pensons que
quand le choix existe, les familles qui sont capables de l'assumer préféreront
sans doute l'orientation moins marginalisante en CLIS/SESSAD ou en CLIS médico-psychologique
plutôt qu'en établissement spécialisé. La différence
qualitative, concernant les prises en charge éducatives et paramédicales,
est difficile à évaluer, et concernant les clis/sessad et les clis
médico-éducative ne paraît opas significative. Quant à
l'intérêt de l'intégration au niveau des interactions entre
enfants, il n'est plus à démontrer (16). |
Il reste que quand les structures intégratives
n'existent pas, les parents qui sont décidé à les obtenir
se préparent des jours difficiles. Mais c'est un combat pour leurs enfants
qui, de toute façon, en vaut la peine. |
| (16)
Il reste bien sûr à prendre en compte les situations concrètes
au cas par cas, les structures étant aussi ce qu'en font les personnes.
Un bon IME vaut mieux qu'une mauvaise CLIS/SESSAD (s'il en existe) ! Mais
on lira avec intérêt les témoignages des éducateurs
spécialisés des clis/sessad qui, figurent dans ce dossier, et notamment
par exemple les "réflexions personnelles" de l'éducatrice
de la clis/sessad de l'école Anatole France de Rochefort. Voir la page
"Une éducatrice dans
la classe" |
| | |
Note annexe
LES EFFETS
DE L'INTÉGRATION SCOLAIRE PRÉCOCE Plusieurs
réponses peuvent être apportées à la question de savoir
ce qu'apporte l'intégration scolaire précoce aux enfants handicapés
comparativement à ce qu'apportent les établissements spécialisés.
Ces réponses sont extraites du chapitre sur l'intégration précoce
en garderie (Ionescu, Jourdan-lonescu, Despins, Boulet, Couture et Roy, 1995)
faisant partie de l'ouvrage intitulé " La déficience intellectuelle.
Pratiques de l'intégration ". | -
Les milieux ségrégués offrent généralement,
des modèles développementaux déficitaires et constituent
des environnements sociaux, de jeux et linguistiques bien moins riches que les
milieux ordinaires. | -
En situation d'intégration, les enfants handicapés et non handicapés
d'âge pré-élémentaire ont des interactions sociales
(...) qui augmentent avec la fréquentation de la classe d'intégration.
| -
La sévérité du handicap a peu d'effets sur l'acceptation
d'un enfant handicapé par ses pairs non handicapés. (...) La réussite
de l'intégration sociale d'un enfant déficient intellectuel est
plus en relation avec sa capacité à communiquer, sa gaieté
et sa propension à l'affection qu'avec son niveau de développement
intellectuel. | -
L'intégration d'enfants handicapés d'âge pré-élémentaire,
dans un groupe de pairs, se fait plus facilement que, plus tard, avec des enfants
plus âgés. | -
L'intégration d'enfants handicapés en maternelle est favorisée
par le fait que les enfants non handicapés discriminent relativement peu,
dans le sens de l'exclusion ou du rejet, leurs camarades de classe handicapés.
(On relève) toutefois, que les enfants non handicapés choisissent
préférentiellement, lorsque la situation s'y prête, des camarades
de jeu dont le niveau d'habileté est similaire au leur. |
- Les enfants non
handicapés acceptent l'enfant handicapé bien que le percevant comme
différent (les handicaps sensoriels et physiques étant plus rapidement
détectés que le déficit intellectuel). (...) Les évaluations
négatives des pairs proviennent surtout des comportements sociaux qui sortent
des normes et non pas de différences sensorielles, physiques ou intellectuelles. |
- Les pairs non handicapés
représentent des modèles comportementaux pour le développement
des enfants déficients. (...) A l'âge pré-élémentaire,
" les pairs normaux paraissent constituer des modèles non menaçants
à partir desquels les handicapés (et les déficients intellectuels
en particulier) peuvent apprendre beaucoup plus qu'ils ne le font habituellement
avec leurs pairs déficients " (...). Les pairs non handicapés
(...) ont une valeur thérapeutique car ils favorisent l'élimination
des peurs du jeune enfant handicapé et réduisent son retrait social
(...). | -
Différentes études révèlent qu'il y a aussi des retombées
positives pour les enfants non handicapés à vivre des situations
d'intégration. Par l'intermédiaire des interactions précoces
avec des enfants présentant des retards de développement, les jeunes
enfants normaux modifient positivement leurs attitudes de peur et de méfiance
face à des enfants différents (...) | .S.
Ionescu et E. Bouteyre, "L'intégration scolaire : cadre général et évolution
des pratiques", in "Psychologie et Education", n° 43, déc. 2000. Pages
42-43.. | | |
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